
Constellations dans le reflet de la mer de béton, 2018
700x190cm
Vue de l'académie Royale des Beaux Arts de Bruxelles, Belgique
“Ceci est ma maison”. C’est ainsi que s’exprime une amie de l’artiste, lorsqu’elle l’emmène à Beyrouth sur les traces de son pays natal, le Liban. Alors que la jeune femme y voit la demeure de son enfance, la ruine forme ici un nouveau pavement. D’une armature verticale vers un amoncellement horizontal, les murs ne sont plus. Ils deviennent le nouvel humus de cette étendue artificielle gagnée sur l’eau : le polder. Le public est d’abord invité à fouler ce territoire de la mer.
La houle méditerranéenne se substitue aux ondes mécaniques des outils qui construisent et déconstruisent sans cesse le polder vers une progression sempiternelle sur la mer. L’insertion d’une vidéo entrelacée dans cette constellation filandreuse, composée de cheveux oxydés et un filet d’échafaudage, nous invite à travers la surface de l’eau à plonger vers les entrailles de la mer, ou peut-être celles de la guerre. Tel un nouveau cadre de lecture, l’image en mouvement réintroduit l’action et son champ géographique. Elle encre d’autant plus la matière autrefois figée. C’est à la suite d’une résidence d’un mois au Liban que le dessein de l’œuvre Constellations dans le reflet de la mer de béton prend racine. L’artiste y a réalisé de nombreux clichés afin de documenter ces ruines de fer et de béton.
L’oeuvre tente de reproduire l’état des paysages constatés. Devenue dessin puis langage autonome par le cheveux , elle gagne la terre et apprivoise la mer. En marchant sur les pas de la guerre civile, l’artiste propose d’y voir un miroir orienté vers le ciel. L’espace devient contemplatif, comme celui du reflet de l’eau, autrefois présent qui ça et là viendrait déposer des bribes de perte sur le rivage. L’impalpable autant que le laïus de cet itinéraire aqueux se présente comme le support d’une calligraphie géographique qui tente d’écrire une histoire du passé tout en se tournant vers l’avenir. L’archéologie de cette quête faite de mots brisés est aussi universelle qu’unique ; autant enracinée dans une terre que l’exilée de celle-ci.



